BERBIGUIERES BERBIGUIERIAS

BERBIGUIERES                      BERBIGUIERIAS

UN PEU D'HISTOIRE

Histoire de Berbiguières

 

(d’après les ouvrages de L.F. GIBERT, G. de la NAUVE et documents personnels. Compilation de Sylvie Chassériaud et Christian de Roton.)

 

 

Du XIIème Siècle à 1574: la période Cladech, Castelnaud, Caumont.

 

Nous sommes au début du XIIème Siècle, avant 1125. Le “château” de Berbiguières, poste de défense avancée de Castelnaud, appartient à la famille de Cladech. C’est encore sans doute une simple tour de bois, mais elle est, dans les écrits, qualifiée de “vetus castrum”, ce qui témoigne de son ancienneté, tandis que “Castelnaud” serait le “château neuf”.

Et l’Aquitaine appartient encore à la France. Pas pour longtemps, car, en 1152, Aliénor, répudiée par le roi Louis VII à qui elle n’a pas donné de fils, épousera Henri II Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. Notre Province fera partie de la dot: c’est le début d’une “Guerre de 100 ans” qui durera en réalité 3 siècles.

Environ ce temps, 3 familles – les Cladech, les Veyrines et les Fréjac – se regroupent pour fortifier Castelnaud, afin de renforcer le contrepoids qu’il oppose à son rival Beynac, sur l’autre berge de la Dordogne. Désormais leurs descendants seront Seigneurs de Castelnaud. L’aîné en portera le nom, tandis que, pendant des siècles, la coutume voudra que le cadet des Castelnaud devienne Seigneur de Berbiguières.

A la même époque, Berbiguières remplace sa tour en bois par un donjon de pierre.

Car la période est troublée.

En 1214, sous le règne de Philippe Auguste, Simon de Montfort mène en Périgord une croisade contre les Albigeois et s’attaque aux “4 Arches de Satan”: les châteaux de Domme et de Montfort sont rasés, les tours et les murailles de Beynac sont démantelées. Une garnison est installée à Castelnaud de Berbiguières, dont les Seigneurs sont soupçonnés de sympathie cathare.

En 1259, le traité de Paris partage le Périgord et le Quercy entre les Rois de France (Saint-Louis) et d’Angleterre (Henri III). Nos bastides sont alors fortifiées ou construites pour consolider les positions des deux partis.

Les Seigneurs se succèdent quand, en 1328, Castelnaud tombe “de lance en quenouille”: c’est à dire que le dernier descendant des Castelnaud......est une descendante: Magne de Castelnaud. Il faut la marier au plus vite !!

Elle a tout de même 40 ans quand, en 1368, sous le règne de Charles V, elle épouse Nompar Ier de Caumont, Seigneur agenais de Caumont sur Garonne, qui devient ainsi Seigneur de Castelnaud, de Berbiguières et de ses 6 paroisses.

On est en pleine guerre de 100 ans. Alors que les Castelnaud ont toujours rendu hommage aux Comtes de Périgord, donc au Roi de France, Nompar, lui, “tient pour l’Anglois”.

Le Prince Noir, fils aîné du Roi d’Angleterre Edouard III et vainqueur de la bataille de Poitiers, gouverne l’Aquitaine et surveille ses intérêts: il a fait recenser la population du Périgord pour établir un “fouage”, c’est à dire un impôt par feu, l’équivalent de nos “foyers fiscaux” (les choses n’ont guère changé!). On sait ainsi qu’en 1365 Berbiguières comptait environ 310 habitants, ceux qui avaient survécu à la Grande Peste de 1348.

Nompar Ier meurt vers 1400, laissant un fils, Guillaume-Raymond de Caumont, et une veuve. Pas pour longtemps!: car, en 1402, sous le règne de Charles VI, Magne, jeune veuve de 74 ans, est obligée d’épouser Pons de Beynac, pour mettre fin aux querelles opposant les deux châteaux (pour un temps seulement: ces mariages “de raison” ont été imposés à 10 reprises, sans grand bénéfice pour la paix, semble-t-il, en tout cas pas pour celle des ménages).

De ce remariage, elle n’a probablement pas eu d’enfant.

Guillaume-Raymond, fils de Nompar Ier de Caumont et de Magne de Castelnaud a épousé Jeanne de Cardaillac: de leur union naît un fils aîné, Nompar II, qui sera donc Seigneur de Castelnaud, et continuera d’être du parti anglais ; puis, en 1417, Brandelys de Caumont voit le jour. Cadet des Caumont-Castelnaud, il deviendra Seigneur de Berbiguières, comme le veut la tradition.

A la différence de son frère ainé, Brandelys fait sa soumission au Roi de France Charles VII, juste à temps, car la fin de la guerre de 100 ans (1453, bataille de Castillon) est proche.

Il faut dire aussi que Brandelys est amoureux: amoureux de Marguerite de Bretagne, venue en Périgord avec sa jeune soeur Waudru, dans les bagages de son oncle le Prince Jean de Bretagne, Comte de Penthièvre, devenu tout récemment (1434) Comte de Périgord, et envoyé par Charles VII pour “bouter l’Anglois hors de France”.

L’amour donne des forces et des ailes: Berbiguières est libéré le 17 Octobre 1442, Castelnaud est démantelé en 1444 et, le 22 Janvier de la même année, Brandelys épouse Marguerite de Bretagne, qui lui donnera 2 fils: François, qui construira plus tard le château des Milandes pour sa femme Claude de Cardaillac, puis Charles. Dans la foulée, la petite Waudru est mariée au baron de Fumel: elle a 12 ans (la pauvrette!!).

Au XIVème siècle, le château s’était étoffé: on a construit le corps de logis qui prolonge le donjon en direction du nord, percé de sa fenêtre géminée caractéristique, et le château est habité.

Ces travaux vont se poursuivre au XVème siècle, après la guerre de 100 ans: avec la dot de Marguerite, Brandelys reconstruit Castelnaud, dont il a hérité, et embellit Berbiguières, en bâtissant la partie ouest du bâtiment central du château. Ces travaux seront poursuivis par son fils Charles.

La guerre de 100 ans, les bandes de brigands, les famines et les pestes ont fait dans la population d’énormes ravages: entre 1400 et 1500, 94% des patronymes paysans ont disparu. Pour repeupler la campagne, Brandelys fait venir des familles de colons d’Auvergne et du Limousin.

Brandelys, après avoir beaucoup oeuvré pour Castelnaud et Berbiguières, décède en 1464 ou 1465, sous le règne de Louis XI. Il est inhumé à Belvès, comme tous les Caumont. Marguerite quitte ce monde 20 ans plus tard, en 1487: elle est enterrée sous le maître autel de l’église primitive de Berbiguières, aujourd’hui enfouie sous les terrasses du château, nul ne sait exactement où. La chapelle Notre Dame, dont la paroi latérale est encore visible, car incluse dans les murailles du château, le long du “Cami del Calhau” (aujourd’hui le « Chemin des Remparts ») n’est assurément pas l’église primitive: mesurant seulement 12 m de long, elle est beaucoup trop petite pour avoir accueilli les paroissiens de Berbiguières, si on la compare à l’église de Marnac (25m) qui comptait à cette époque moins d’habitants (environ 200 en 1365) que notre village.

Après la guerre de 100 ans, Berbiguières connaît plusieurs décennies de paix, au cours desquelles les descendants de Brandelys se sont succédé comme seigneurs de Berbiguières. C’est Françoise de Caumont, Dame de Berbiguières, qui hérite de la Seigneurie en 1570. Elle épouse, en 1574, François de Coustin de Bourzolles, seigneur quercynois, protestant convaincu et futur conseiller du Roi Henri IV. Ainsi s’achève la période « Cladech-Castelnaud-Caumont », qui aura duré environ 600 ans et commence, pour 150 ans, la période « Bourzolles ».

 

 

De 1574 à 1723 : l’ère des Bourzolles.

 

Devenu, par son mariage avec Françoise de Caumont-Castelnaud, seigneur de Berbiguières, François de Coustin de Bourzolles, « le Grand Bourzolles », est un puissant féodal, à qui l’on donne du « Monseigneur ». Capitaine de 100 hommes d’armes, il sera Conseiller-Secrétaire du Roi Henri IV. Comme beaucoup de nobles périgourdins, il est protestant, tandis que le reste de la population est catholique à plus de 90%. La promulgation de l’Edit de Nantes par Henri IV, en 1598, instaure d’ailleurs une période de paix, dans laquelle les fidèles des deux religions jouissent des mêmes droits.

François et Françoise ont un fils, que, dans un débordement d’imagination, ils prénomment François. Puis, Françoise décède, et le Grand Bourzolles épouse Louise de Vienne, double veuve de successivement deux seigneurs allemands, ce qui témoigne chez lui d’une remarquable confiance en la Vie. Deux fois chanceuse, Louise lui apporte une dot considérable, grâce à laquelle il réalise, de 1608 à 1613, d’immenses travaux qui donnent au château sa forme définitive : le pavillon Est est construit, puis relié au corps central par le porche voûté, orné de 4 colonnes doriques et muni de niches permettant de monter commodément à cheval. Le plan du château est inspiré de celui de Saussignac, qui appartient au Duc de Caumont-Lauzun, son cousin. L’ensemble est, of course, de style Henri IV, avec un toit à double pente, « à la Mansart », couvert en lauzes. Une nouvelle cave est aménagée et pourvue de barriques neuves, car la vigne est en plein essor. Ces travaux sont réalisés par Henri Boyssou, de l’école saintongeaise ; ce maçon a, par la suite, reconstruit l’église de Domme, dans le même style.

Pour une fois, Louise de Vienne n’a pas porté la poisse à son époux, puisqu’elle décède vers 1601, tandis que François attendra 1615 pour la rejoindre.

Cette même année, François de Bourzolles de Caumont, fils du premier mariage, épouse Gabrielle d’Orléans. A-t-il été malheureux en ménage ? A-t’il, pour cette raison, abusé des boissons fermentées, eu trop d’affection pour le vin de Domme ? Toujours est-il que, acte incompréhensible en plein Edit de Nantes, il détruit, avec l’aide du seigneur de Bétou, un beau soir de 1623, l’église paroissiale de Berbiguières, maintenant enfouie sous les terrasses. Il aménage au château un temple protestant et un cimetière RPR, tandis que les infortunés catholiques doivent entendre la messe dans la petite chapelle Notre-Dame, rue del Cailhau.

Ses petits-enfants, Jean et Jeanne de Bourzolles, devront, 100 ans après, payer la note. Jean est devenu seigneur de Berbiguières en 1682, soit 3 ans avant la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV. En raison des exactions de son grand-père, il est condamné en 1695 à verser 5000 livres. Il ne paye pas.

En 1715 sa sœur, Jeanne de Coustin de Bourzolles, Demoiselle de Berbiguières, est sommée de se convertir : elle refuse, meurt, et son corps n’a jamais été retrouvé. Elle est donc jugée post mortem : le jugement stipule que la moitié de ses biens soit saisie et « que sa mémoire soit à jamais effacée ». C’est pourquoi l’une de nos ruelles porte désormais son nom.

Pour couronner le tout (comme quoi la vengeance du Très-Haut est inexorable), dans la nuit du 2 au 3 avril 1717, le feu prend au château, dont la destruction est presque totale : des lauzes sont projetées des toits, et l’on déplore 2 morts. Le seigneur doit se réfugier dans le peuple : comble d’ironie, lui, protestant, est recueilli par le curé catholique.

Ces événements sonnent, après 800 ans, le glas de la Seigneurie et marquent la fin de l’ère des Bourzolles : en 1723, le château et le domaine sont saisis, la Seigneurie de Berbiguières éclate. Criblé de dettes, Jean de Bourzolles meurt en 1728.

 

De 1723 à nos jours: les temps modernes.

 

De la fin de la Seigneurie, en 1723, à nos jours, le château et le domaine de Berbiguières passent de mains en mains, sans rester très longtemps au même propriétaire : le temps des longues dynasties est terminé et, bientôt, les changements vont être rapides et profonds, au plan local comme au plan national.

C’est d’abord à un certain Jean de Sauret, receveur à Sarlat, que reviennent les biens saisis à Jean de Bourzolles : pas pour longtemps, car il est saisi à son tour. En 1731 Arnaud Souc de Plancher, bourgeois de Périgueux, rachète le château et le domaine pour 120 000 livres. Pendant 50 ans la famille Souc de Plancher va réaliser des travaux considérables, tant au château qu’au village.

On se souvient que le château avait été partiellement détruit par un incendie dans la nuit du 2 au 3 Avril 1717 et que Jean et Jeanne de Bourzolles, protestants ruinés, n’avaient certainement pas eu les moyens de le réparer. Or le château a été revendu « en fort bon état, composé de bâtiments neufs ou réparés à neuf » en 1792. C’est donc Souc de Plancher qui a réalisé la remise en état, notamment celle de la charpente et de la couverture, donnant à la toiture son aspect actuel.

En même temps, la nouvelle église (l’église actuelle) est construite, de 1732 à 1736, par Pierre Mandral, dit « Francoeur », grâce à la contribution financière des syndics fabriciens, en charge des affaires de la Paroisse, grâce aussi à l’argent saisi à Jean de Bourzolles. Elle est consacrée le 17 Avril 1738.

En 1741, Annet, fils d’Arnaud, qui succèdera à son père en 1745, achète pour 200 livres l’emplacement de l’église primitive, détruite en 1623 par François de Bourzolles : cette somme servira à réparer une cloche de la nouvelle église et en acheter une deuxième. Il récupère ainsi les matériaux de l’ancienne église: c’est de cette époque que datent la construction de la terrasse du château la plus basse, des remparts actuels bordant la rue « del Calhau », et l’ensevelissement de toutes les maisons situées entre les remparts actuels et la muraille originelle. Il est, aujourd’hui, très intéressant d’observer, en parcourant le Chemin des Remparts, l’extraordinaire variété des matériaux constituant la muraille, qui sont les vestiges de bâtiments détruits et réutilisés, ainsi que les nombreuses façades (dont celle de l’ancienne chapelle Notre-Dame), portes et fenêtres incluses maintenant dans le rempart.

Annet est un bourgeois pieux et généreux : il lègue 4000 livres pour aménager, dans les prisons de Périgueux, une séparation entre les hommes et les femmes (les prisonniers ont-ils été heureux de cette séparation ?), 4000 livres à l’hôpital de Périgueux, et 1200 livres pour faire faire des missions à Berbiguières et Marnac après sa mort (survenue en 1764, sans postérité). Les missions auront lieu en 1767 et 1772.

C’est son frère, François-Jean-Baptiste, qui lui succède, et qui continue les legs : en 1778 il donne une maison à usage de presbytère, sur le chemin d’Allas, qui comprend 2 chambres, caves, écurie, greniers, basse-cour et petit jardin (c’est la Mairie actuelle). Il donne 340 livres pour la faire réparer. La même année, il donne 400 livres pour faire travailler les pauvres à restaurer la fontaine Saint-Denis et construire un lavoir neuf.

En 1782 Jean-Joseph Souc de la Garélie succède à son cousin François-Jean-Baptiste. Habitant Paris, il se désintéresse totalement de Berbiguières, et cherche à s’en débarrasser au plus vite, ce qui sera fait en 1792, après la Révolution.

 

Le ci-devant Marquis Arthur-Luc de Chevigné est le descendant d’une vieille famille établie en Bretagne depuis 1130. Il a épousé, en 1775, Elisabeth Leprestre de Neubourg : la cérémonie s’est déroulée au château de Versailles, en présence du Roi Louis XVI et de Marie-Antoinette. De cette union naîtront quatre filles (Agathe, Aimée-Pétronille, Hortense et Ozithe) et, en 1796 un fils : Arthur.

Durant les années qui suivent la Révolution de 1789, de nombreux châteaux et domaines, abandonnés par les nobles ou saisis, sont à vendre comme biens nationaux. Arthur-Luc, qui n’a pas émigré, est séduit par l’affiche très flatteuse vantant les qualités du « Superbe Domaine de Berbignières (sic)», consistant en « un vaste et magnifique Château en fort bon état, avec écurie voûtée d’un seul rang pour cinquante chevaux, terrasses, jardins, enclos, réservoir, pièces d’eau etc…Une maison de régisseur dans le bourg, une métairie dans le bourg, une petite maison de maître, une métairie de 220 quartonnées de terre, deux moulins avec port sur une rivière navigable, plus de 800 quartonnées de terre dans une plaine extrêmement fertile, des vignes considérables rapportant au moins 3.000 livres par an (les vins de Berbignières sont réputés les meilleurs de ceux connus sous le nom de vins de Dôme), bois considérables et très belle chasse. Tous les bâtiments sont neufs ou réparés à neuf. Les denrées peuvent être embarquées pour Bordeaux, Libourne, la Hollande etc… sur les bateaux appartenant au propriétaire. Le revenu global du Domaine est d’environ 20.000 livres, et peut être doublé en 8 ou 10 ans ».

Comment résister à une offre aussi alléchante ? Le domaine est estimé à plus de 500.000 livres. Arthur-Luc vend le château qu’il possède en Vendée et, sans même l’avoir vu, achète Berbiguières à Souc de la Garélie. C’est en prenant possession de son nouveau domaine qu’Arthur-Luc comprend qu’il s’est fait rouler : les biens sont loin d’avoir la valeur affichée, ni les terres de rendre ce que prétendait Souc de la Garélie. Le souk et la galère furent, désormais, le lot de la famille de Chevigné. Criblé de dettes, presque ruiné, Arthur-Luc vivote et bricole : il exerce, aux alentours, des talents de guérisseur, parfois avec succès, mais sans se faire payer ; il entreprend des études de médecine et s’absente fréquemment de Berbiguières, dont il est pourtant le Maire de 1812 jusqu’à sa mort. Il vend des métairies pour payer ses dettes et, à partir de 1818, loue les terres à Pierre Prat de Coustin-Bourzolles, qui vit à Mirabel. Il meurt en 1820, Elisabeth, sa femme, en 1822, laissant à leurs enfants une demeure presque vide.

Ce n’est pas le fils Arthur qui reprend le domaine, mais Pierre Prat de Coustin-Bourzolles, devenu son beau-frère par son mariage avec Aimée-Pétronille en 1823 (elle a 41 ans et lui 56). Pierre Prat succède au Marquis de Chevigné également comme Maire, de 1824 à 1837.

Arthur vit à Paris (de quoi ?) et donne, par lettre, ses instructions à son beau-frère pour des travaux au château, l’aménagement du domaine et, en 1828, un vaste projet de plantation de vignes nouvelles au Cazal. En 1830 il épouse Louise de Saisseval, dont il aura 2 filles et un fils, Louis-Marie François-Xavier.

En 1840 la route départementale D50 est en construction. Arthur intervient auprès des autorités pour en faire modifier le tracé, à ses frais (avec quel argent ?) : la route passera au pied de l’allée du château et non, comme prévu, dans le bourg. C’est à cette occasion que fut découvert, entre la carrière et le Picou, dans une parcelle de vigne au lieu-dit « Le Colombier », un colombarium du IIème ou IIIème siècle.

Arthur meurt en 1879. Le domaine comprend encore de nombreuses métairies : le Cazal, le Guel, Farjanel, le Jardin, la Borie Basse, Caudefond, les Bornhes, et un droit de passage au Garrit. Mais beaucoup de choses vont rapidement changer…

 

Durant le dernier quart du XIXème siècle, qui correspond aux premières années de la IIIème République, de très importants bouleversements vont modifier le pays de Berbiguières comme, plus généralement, la Dordogne et la France.

Le phylloxera fait son apparition dans notre Commune vers 1876, l’année même où notre école est construite (quand on connaît l’aversion des Instituteurs à l’endroit des boissons fermentées, il ne s’agit sans doute pas d’un hasard). Or la vigne, à Berbiguières, est alors à son apogée, avec 85 ha, soit 25% des terres cultivées, appartenant pour moitié à 2 grands propriétaires : le Marquis de Chevigné et les Sarlat père et fils ; 52 petits propriétaires se partagent l’autre moitié du vignoble. Les vignes étaient, pour l’essentiel, implantées au Montaud, au Cazal et aux Bernissonnes. Cette crise du phylloxera a profondément modifié notre paysage : le vignoble, qui représentait 17% de la superficie de la Commune en 1834, avait presque totalement disparu en 1914, au profit des friches, landes et bois qui se sont accrues de plus de 100 ha dans le même temps.

Un grand nombre de paysans ruinés, des artisans ou des commerçants dont le sort était lié à la viticulture abandonnèrent la partie pour gagner les villes et centres industriels, voire l’Amérique latine.

Ainsi, à Berbiguières, un exode rural massif s’est installé, favorisé par le développement de nouveaux moyens de transport : le pont du Garrit « pour trains et charrettes » a été construit en 1894, le chemin de fer a atteint Marnac en 1887 ; favorisé aussi par l’apparition de la demande en main-d’œuvre industrielle: en 1882 commence l’exploitation de la mine de ciments du Montaud, en 1892 celle de la carrière et, en 1910, Allas cesse d’être « Allas-de-Berbiguières » pour s’appeler « Allas-les-Mines ».

Parachevant le tout, l’activité liée au fleuve disparaît à mesure que sont construits les barrages (Mauzac en 1843, Bergerac en 1850, Tuilières en 1908), obstacles définitifs à la navigation.

La population de Berbiguières est passée de 368 habitants en 1876 à 260 en 1911 et le nombre de maisons habitées a diminué de près de 30%. La diminution des activités agricoles et de l’artisanat lié à l’agriculture obligent ceux qui sont restés sur la Commune à diversifier leurs métiers : Berbiguières avait 3 tonneliers en 1876 et plus aucun en 1906. 82% des chefs de famille étaient « cultivateurs » à titre principal en 1876. Ils n’étaient plus que 50% en 1906. L’abandon, partiel ou total, des activités agricoles s’est fait au profit des services (couturière, repasseuse, perruquier-coiffeur, épicier..) et surtout de l’industrie, notamment dans les mines : en 1906 25% des chefs de famille sont employés dans les activités minières (ciments, lignite, pierre). Ceux qui sont restés agriculteurs se tournent vers des productions nouvelles : l’élevage laitier et le tabac (premiers contrats au Cazal et au Jardin en 1886).

 

Propriétaire du château et de nombreuses métairies, le marquis Louis-Marie François-Xavier de Chevigné a sans doute vécu ces bouleversements avec une relative sérénité. Ayant épousé Hélène de Campagne en 1882, il partage son temps entre ses châteaux de Berbiguières, de Campagne et de Flesselles, dans la Somme. Il achève de restaurer le château et en agrandit les terrasses en comblant les maisons abandonnées les plus proches : les 4 dernières, entre chez Fernande et la Croix, ont été annexées dans les toutes premières années du XXème siècle.

Dans le même temps, il se débarrasse de toutes ses métairies : la dernière, Farjanel, est vendue en 1908. Le château lui-même est vendu en 1919 : autrefois Chef Lieu d’une Seigneurie de 6 Paroisses (Allas, Carves, Cladech, Marnac et Saint-Germain) le domaine castral de Berbiguières ne comporte plus alors que 70 ha.

 

Ici s’achève notre relation de l’histoire de Berbiguières.

Sylvie Chassériaud et Christian de Roton.

 

 

 LA VIGNE À BERBIGUIÈRES...

 



24/01/2015
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